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Interview : Dominique Grandjean, directeur de course sur La Grande Odyssée

Nous connaissons Dominique Grandjean pour la Grande Odyssée où il est directeur de course, vétérinaire de métier, Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, Directeur de l’Unité de Médecine de l’Elevage et du Sport mais aussi ardent supporter du club de football de Sedan à ses heures perdus.

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Malgré votre popularité que nous connaissons, votre sociabilité ainsi que votre image d’homme hyper engagé dans tout les domaines qui lui tiennent à coeur, que pouvez vous nous dire sur vous que l’on ne sait déjà ?

Je trouve que vous en savez déjà beaucoup non (rire) ? Disons que je n’ai jamais conçu la vie « à moitié », et qu’il me semble fondamental de s’investir pleinement dans ses passions ; le chien de traineau en est une, sans doute la principale, depuis bien des années ! Mais le coté « pompier de Paris », unité dans laquelle je sers depuis plus de 20 ans, est une autre facette de ces passions trop dévorantes et dont pâtissent ceux qui me sont chers. Le passionné est je crois, malheureusement, égoïste vis-à-vis de ceux qu’il aime.

Vous avez déclaré sur Radio Griffe, et je cite « régner sur toute la partie course de la LGO sans suscrito », que l’organisation de la LGO en elle même, la communication et la gestion des médias ne vous concerne pas, mais que en revanche le respect des contrôles vétérinaires et surtout la gestion de quasiment 500 chiens sur l’événement et donc la gestion et le management de tout les vétérinaires présent sur la LGO, vous concerne. Avec autant de responsabilités, arrivez vous à décrocher de votre talkie-Walkie et de votre téléphone portable pour exercer votre métier de vétérinaire au sens propre du terme ?

La responsabilité de la bonne santé des chiens sur une course comme La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc incombe à son chef vétérinaire, en l’occurrence Delphine Clero, qui, avec son équipe, a encore fait un travail des plus remarquables sur la course. Mon rôle n’est que celui d’un chef d’orchestre, sachant que tous les membres de l’orchestre savent parfaitement ce qu’ils ont à faire car notre organisation, forte de 60 bénévoles auxquels s’ajoutent ceux des stations, est parfaitement rodée. Je suis donc en « pilote automatique », sauf lorsqu’un imprévu ou impondérable se produit ; en ce cas il faut réagir vite et bien, sauvegarder la course tout en prenant avant tout en compte le bien être des chiens. Cela étant je ne peux m’empécher d’aller « traîner » dans la stake out le soir, et je me frustre à tout faire pour ne pas interférer avec notre chef vétérinaire ! Mais nous nous connaissons tellement bien qu’il n’y a jamais aucun problème.  Et puis un peu d’expérience est encore utile aux plus jeunes !

Pour le grand public, la Grande Odyssée parait être l’évènement ou l’ambiance est la meilleure, les relations entre les mushers paraissent excellentes et le public au rendez vous. Quels sont les dessous d’un événement comme la Grande Odyssée ? Avez vous déjà recensé des problèmes majeurs ? Notamment au niveau des non-respect des contrôles vétérinaires ? Ou de tricherie peut être ?

Nous n’avons jamais été face à un non respect des contrôles vétérinaires ou à des tricheries, c’est heureux et c’est très bien ainsi ! Quant à l’ambiance globale elle est excellente oui, mais cela tient à de nombreux facteurs : état des pistes (élément fondamental et j’en profite pour dire une fois de plus un grand merci à Emmanuel et à son équipe piste), qui va de pair avec l’enneigement et les possibilités de « plans B » que nous mettons en place durant l’été…comportement des membres du staff, qui toutes et tous sont véritablement dédiés aux chiens et sont des passionnés…mais aussi absence de mushers surexcités par les enjeux, comme nous avons pu en avoir dans le passé. Les mushers discutent beaucoup entre eux, et c’est normal, et parfois certains imaginent que tout peut être fait sans réfléchir le moins du monde aux contraintes immenses d’une telle organisation. Alors les dessous de LGO, c’est une somme de passions et de compétences mises bout à bout, de nombreuses réunions, des tonnes de confiance les uns dans les autres, et un objectif commun : la plus belle des courses !

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La Grande Odyssée 2013 à été des plus intéressante avec une tête de classement général constamment en mouvement. Mais si nous inversons le classement et que nous partons de la fin, placé vous des priorités vétérinaires sur les mushers courant plus pour le plaisir que pour la compétition ?

Nous ne faisons AUCUNE différence entre les mushers et leurs chiens en terme d’approche vétérinaire ou d’organisation, et ce quelle que soit leur position au classement, leur origine géographique, leur typologie de chiens,…il suffit pour s’en convaincre de voir la ligne d’arrivée pleine de tout le staff disponible lorsque les plus lents arrivent ; et pourtant il faut parfois les attendre durant des heures dans le froid !

Concernant le controle anti-dopage sur la Grande Odyssée 2013 vous avez déclaré, je cite, « A ma connaissance, c’est une première dans l’histoire du mushing, au moins en Europe, peut-être dans le monde ». Remplir un gobelet de 125 ml d’urine pour un musher lors d’une course comme la LGO peut surprendre, Henry Kam se félicite que « Cette démarche prouve que le mushing est reconnu comme sport de haut niveau à part entière » mais ne pensez vous pas que si certains mushers pouvaient éventuellement tirer un avantage par de tierces méthodes pas vraiment légales, cela se ferait sur un autre front que le dopage « humain » ?

L’etre humain est ainsi fait que j’imagine bien sur que tout est toujours possible ; cela étant, le fait de voir l’AFLD (Agence française de lutte contre le dopage) venir contrôler les chiens puis les humains sur la Grande Odyssée est une excellente chose ! Ces contrôles sur les mushers prouvent la reconnaissance du traîneau à chiens comme sport à part entière, c’est donc un plus sur ce plan. Par ailleurs, nous sommes présents 24/24 auprès des chiens, et il me semble très très difficile pour un concurrent qui le souhaiterait de procéder à quelque chose d’illégal sur ses chiens. En plus de 30 ans de ce sport je n’ai que très rarement rencontré de gens que je pourrais suspecter de quelque chose d’illicite, et pas sur LGO en tous cas. Quant à ce qui se passe sur la piste, nous avons tellement de monde sur cette dernière que lorsqu’un comportement est inadéquat nous le savons immédiatement, ce qui fait que là encore il est exceptionnel de devoir réagir.

Tout autre sujet, nous avons soutenue ouvertement Isabelle Travadon durant toute la LGO, Isabelle est reconnus pour ne courir quasiment qu’avec des Huskies Sibériens, quel est votre avis personnel sur le mélange des races et les croisements pour améliorer les performances des attelages sur ces courses longues distances ?

A ma connaissance Isabelle ne court qu’avec des Sibérian Huskies….quant à mon avis sur la question, il est demeuré inchangé depuis bien des années, lorsque nous avions créée la FFPTC (Fédération Française de Pulka et Traineaux à Chiens) pour en être radiés très rapidement après avoir prôné « l’ouverture » avec quelques camarades ! Mélanges et croisements ont permis à l’homme de créer des races telles qu’on les entend au sens morphométrique statique du terme (celles dites « reconnues » par la FCI)…pourquoi diantre dés lors faudrait il refuser une sélection qui aille dans le sens de la performance physique au détriment du look ??? Si je préfère voir et photographier l’attelage d’Isabelle ou celui de Jean, il n’en demeure pas moins que l’esthétique de l’attelage d’un Jiri Vondrak lorsqu’il court est remarquable de qualité d’effort et d’homogénéité. On a trop tendance à oublier qu’à l’origine de notre sport se trouvent pour l’Alaska des bons « batards », et pour la Scandinavie des chiens de chasse, et que le husky sibérien tel qu’il est reconnu en tant que race ne remonte qu’aux années 1930 !
Conclusion : j’aime les attelages de « sibs », mais seule la notion d’aptitude physique du chien à la pratique de ce sport est pour moi à prendre en compte, et nul ne me fera jamais changer d’opinion sur ce plan.

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Nous avons retranscrit sur notre site la fabuleuse histoire et les anecdotes de Schoemacher étant allé au bout de la course malgré moultes rebondissements, quels sont vos plus beaux souvenirs sur toutes vos éditions de la LGO ?

Le plus beau est récent : le dernier passage de la ligne d’arrivée d’Isabelle Travadon, avec la musique du film réalisé sur son fameux chien de tête Dallas….l’émotion, les larmes, toute la profondeur de ce sport et des investissements humains qu’il représente. La victoire de mon copain Jacques Philip m’avait aussi particulièrement marqué.

Nous fêterons, l’année prochaine, les 10 ans de la LGO. Que nous reservez vous ?

Pour sur plein de choses !!! Mais pour qu’elles aient une valeur il faut que ce soit surprise surprise non ?

Nous allons couvrir à partir de la semaine prochaine la Femundlopet en Norvege, allez vous y prendre part ? Y-avez vous déjà pris part ? Votre ressentis sur cette course ?

J’ai eu l’occasion d’être chef veto de la Femund lors des jeux olympiques de Lillehammer en 1994 ; grand moment que ce départ au pied du podium de remise des médailles. Une très belle course, beaucoup plus facile à mettre sur pieds que LGO, mais se courant parfois dans des conditions climatiques difficiles. Je n’y serai pas hélas, car beaucoup de boulot ici, et quelques protocoles de recherche à conduire qui doivent nous conduire en Alaska à la même période.

Le mot de la fin ?

Mot de la fin…toujours difficile ! Disons juste que si j’ai confiance maintenant en la pérennité de LGO, je continue de rêver, comme du temps de l’Alpirod, à d’autres LGO…En Laponie, en Sibérie, ailleurs…avec un triptyque de courses à étapes en janvier, février et mars qui ferait la part belle au total respect des chiens. Mais pour ce faire il faut des moyens, beaucoup de moyens, et la période actuelle n’est pas idéale !

 

Le Husky Sibérien vous remercie Dominique et vous souhaite une bonne continuation dans tout ce que vous entreprendrez à l’avenir.

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